Création des agences bancaires dans l'UEMOA: Quelle contribution à la bancarisation?
L'Union Economique et Monétaire Ouest africaine fait de petits vers une bancarisation réelle de son économie. Il n'est un secret pour personne que le taux de bancarisation demeure extrèmement faible dans l'Union. Il est inférieur à 9% (1). Cette situation tient à plusieurs facteurs tant institutionnel, politique, juridique, économique que social.
L'inexistence des infrastructures de base comme la route, le courant électrique et le téléphone oblige les banques à réduire leur champ d'actions aux seules capitales et autres grandes villes. La création d'agence n'obéit donc pas forcément aux besoins du marché. Cela se traduit par une faible corrélation entre le taux de bancarisation et le taux de pénétration démographique des agences bancaires. En effet, dans des pays si peu bancarisés que ceux de la sous-région, on aurait pu s'attendre à ce que les nouvelles agences soient ouvertes en fonction des marchés nouveaux dénichés par les établissements de crédit. Mais les statistiques disponibles (2001 à 2006) ne satisfont pas cette attente.
En réalité, les agences sont ouvertes plus pour fidéliser une clientèle déjà existante ou pour en prendre aux banques consoeurs que véritablement pour attirer de nouveaux clients. Un collègue d'une banque commerciale a cette formule " On ne crée pas une agence pour attendre l'argent. On crée une agence pour mieux gérer l'argent."
Mais même dans les capitales et grandes viles, les agences bancaires sont concentrées dans les quartiers d'affaires. Au coût des opérations bancaires proprement dites vient s'ajouter donc celui du transport. Ce qui n'est pas favorable à la démocratisation des services bancaires.
Il est évident que l'objectif de bancarisation n'est pas la priorité d'une institution commerciale. Mais il n'en demeure pas moins que cet objectif n'est pas forcément incompatible avec la recherche de profit et que l'augmentation de 17% entre 2005 et 2006 du nombre des agences bancaires laisse présager d'une évolution positive de la situation. Il faudra un peu plus de temps pour apprécier l'impact réel de cette augmentation sur la bancarisation des populations.
(1) Calcul fait par l'auteur sur la base du rapport commission bancaire 2006 et le WDI 2006