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Promotion de la bancarisation en Afrique
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17 septembre 2009

Les banques et les Béninois : mots et maux d’une inimitié

Tel est le titre d'un article décapant sur la perception que les béninois ont des banques de la place. Il est publié sur afrik.com . L'échantillon des personnes interviewées n'est pas représentatif de la population béninoise. Mais il est curieux de noter que les griefs sont presque identiques et peuvent se résumer comme suit:

1/ Le banquier béninois n'est pas accueillant: Cette critique est systématique et me semble bien pertinente. Tout cadre supérieur du secteur bancaire que je suis, il m'est arrivé de subir des accueils franchement déplaisants aux guichets de certaines agences bancaires de la place. L'accueil semble dépendre du "look" ou de la fréquence des opérations. Si on est bien habillé ou si  on est reconnu comme client, on est aussitôt mis à l'aise. Mais si on est dans un haillon ou dans une tenue un peu malpropre (habit de mécanicien ou de soudeur), l'accueil est glacial et il faut une certaine tenacité pour aller au bout de son opération. Cela commence d'abord par les vigiles de sécurité dont le regard est interpellateur. Ensuite, l'agent du guichet qui dévisage de manière peu appropriée surtout s'il s'agit d'une opération de retrait. On a l'impression qu'il cherche la petite bête.

Il s'agit d'un problème préoccupant. Les institutions en sont conscientes. Certaines mettent de plus en plus un personnel féminin de charme à leurs guichets. Mais le sourire varie toujours selon le client. D'autres institutions font recours à des structures spécialisées dans la formation comme le cabinet "Afrique Conseil" pour doter leur personnel de notions essentielles en matière d'accueil et de gestion de la clientèle d'entreprise.

2/ Les frais de tenue de compte sont élevés: En ralité les personnes interviewées auraient souhaité ne pas en payer du tout. Il s'agit également d'une préoccupation que je partage. Il n'existe pas (sauf erreur de ma part) de banque béninoise qui offre un compte bancaire sans frais. Tous les comptes donnent lieu à des frais y compris les comptes d'épargne. Dans un pays où le SMIC est de 30.000 FCFA environ, un particulier doit payer environ 1500 à 2500 FCFA par mois pour disposer d'un compte chèques. Et pour tous les comptes, un montant minimal est exigé à l'ouverture. Il va de 10.000 FCFA à 100.000FCFA et plus. Les banques soumettent leurs clients parfois à des prélèvements de frais non justifiés. Tant pis pour celui qui ne regarde pas régulièrement ses relevés de comptes (s'il en reçoit). Il m'est personnelement arrivé de constater qu'une banque m'a prélevé une prime de souscritpion à une bancassurance sans la moindre signature de ma part. On reçoit un relevé qui propose le service et l'on indique qu'en absence de réponse, la réponse est considérée comme positive. Toutes ces pratiques découragent même les plus avisés. Plusesurs de mes amis fonctionnaires, ne disposent que de comptes d'épargne parce qu'ils craignent de se faire gruger avec les comptes chèques.

Cette question de cherté des frais de tenue mérite que les acteurs du secteur bancaire s'y attardent. Il serait souhaitable que le droit au compte (dont la mise en application reste à prouver) déjà adopté dans nos textes réglémentaires soit accompagné de la notion de services bancaires de base au contenu bien défini et au coût bien précisé, si ce n'est nul.   

3/ La banque sert à garder l'argent: Une des personnes dit qu'elle n'a pas d'argent pour aller déposer à la banque.  Cette conception du métier de banque est assez répandue dans la population. On ne pense pas à la banque en tant que pourvoyeur de fonds mais en tant que gardien et rémunérateur de fonds, prenant au passage ses commissions. Cela tient quelque peu du manque de communication des institutions bancaires. Elles se contentent de la clientèle de haut de gamme (société ou institutions d'Etat, grandes ou moyennes entreprises, etc). Les particuliers et les multitudes d'entreprises unipersonnelles du secteur informel sont peu ciblés dans les rares campagnes de publicité qui sont faites. Il est vrai qu'à chaque rentrée scolaire, on est bombardé de publicité sur les crédits scolaires mais cela ne va pas loin. Je pense que les banques gagneraient à communiquer et à mettre le crédit au centre de leur campagne publicitaire. Le problème foncier béninois est un frein mais des marges de maoeuvre existent notamment au niveau des entreprises. La bancarisation par le compte de dépôt  montre ses limites et il serait indiqué d'essayer la bancarisation par la démocratisation du crédit. Ce ne sera pas facile mais cela pourrait être la solution, avec l'aide de l'Etat bien sûr. Espérons qu'avec les travaux du Millenium Challenge Account sur le foncier, le Bénin pourra voir le bout du tunnel pour cet épineux problème afin de faciliter la gestion des garanties hypothécaires.   

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