Comment fonctionne une banque islamique
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Le Système Financier Islamique
Le principe général de la banque islamique est de s'engager à partager
à la fois les profits et les pertes de ses clients. Contrairement à
certaines idées, ce système existe au sein des communautés musulmanes
depuis le moyen âge. Il a fait l'objet de nombreuses études
universitaires sous la dénomination de SFI, Système Financier Islamique
depuis les années 80. Néanmoins ces institutions bancaires ne
représentent qu'un des aspects du SFI. Car ce système ' englobe aussi
la formation du capital, les marchés des capitaux et l'intermédiation
financière sous toutes ses formes '. Il s'agit, en somme, de traduire,
dans l'univers de l'économie et des finances, le système de valeurs
auquel se fient les Musulmans dans les aspects de leur vie quotidienne.
Selon cette approche, l'objectif clé du SFI est de promouvoir, dans
le contexte économique actuel, un ensemble de produits financiers qui
exclue la pratique de la Riba, l'intérêt usuraire blâmé par le Coran.
L'accent est alors mis sur le partage des pertes, des risques tout
comme des bénéfices entre les investisseurs et les acteurs d'un projet.
La valeur du travail se trouve ainsi rehaussée. La thésaurisation étant
interdite, l'investissement de l'argent est recommandé. Dans l'esprit,
les instruments financiers du SFI sont difficilement comparables aux
usages des banques classiques. Mais sur un plan technique, leur
rapprochement n'est pas dénué de sens.
Des outils financiers basés sur l'éthique
Un client présente un dossier de crédit ordinaire. La banque
accepte de fournir une partie des capitaux propres et du fond de
roulement nécessaire. En cas de profits, ils sont partagés entre le
client et la banque selon un ratio convenu au départ. En cas de pertes,
elles sont partagées selon le degré de participation de chaque parti au
capital. Ce mode de financement est appelé Moucharaka. Il convient au
projet à long et moyen termes.
La Moudaraba est un mode de financement comparable à ce qui se fait
dans les sociétés d'investissement. La banque peut fournir la totalité
des capitaux requis pour le projet que présente un client. Ce dernier
n'apporte alors que ses compétences et sa capacité de gérer le projet.
Les profits sont partagés par les deux partis selon un taux préfixé.
Les pertes sont entièrement supportées par la banque. Le client perd
néanmoins la valeur du travail qu'il a fourni durant l'exercice de son
projet.
Le système de l'Ijar est facilement assimilable à un système de
location ou de crédit-bail. Il convient au financement de véhicules,
machines, etc. La banque prend l'engagement d'acheter les équipements
ou les bâtiments dont le client a besoin pour son projet. Elle les met
à sa disposition moyennant un loyer direct durant une période de temps
déterminée. Le système peut être amélioré dans certains cas où le
client prend l'option de devenir propriétaire du matériel au terme de
la période de location. On parle alors de Ijar wa Iktina . Dans ce cas,
le client ouvre un compte d'épargne où il verse régulièrement un
certain montant. Par la suite, le ré-investissement du capital accumulé
travaille en sa faveur et lui permet d'amortir le coût de la location
de départ. Un versement d'acompte peut intervenir dans certains cas.
Pour les financements à court terme, le SFI propose généralement le
Mourabaha. La banque s'engage à fournir des biens selon un contrat de
gré à gré prévoyant la revente au client avec une marge bénéficiaire
fixée d'avance. Ce qui évite au client de souscrire un emprunt avec
intérêts, comme dans une banque classique. Ce mode de financement est
de loin le plus pratiqué dans les banques islamiques déjà existantes à
travers le monde.
Il existe aussi le Baïmouwajal, un système de financement de projet
où la banque permet un paiement différé. Les frais de ce crédit sont
aussi fixés d'avance.