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Promotion de la bancarisation en Afrique
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4 mars 2010

FATIMATOU ZAHRA DIOP (BCEAO SENEGAL) : “Plus de 20 milliards FCFA par an pour entretenir les billets…”

Par REUSSIR

fatoumatouPour un panorama plus complet du paysage bancaire sénégalais, REUSSIR a requis l’éclairage du patron des patrons de banques évoluant au Sénégal. Mme Fatimatou Zahra Diop, la première femme à la tête d’une Direction Nationale de la BCEAO, analyse les évolutions du secteur financier et se prononce sur les grandes questions de l’heure.

Madame le Directeur National, comment percevez-vous globalement le panorama du paysage bancaire sénégalais ?

Je peux dire que le secteur bancaire et financier sénégalais a connu de grands développements au cours de la dernière décennie. Il s’est notamment diversifié, tant en nombre que de par sa structure et comprend, à fin août 2009, 17 banques et 3 établissements financiers avec un réseau de 233 agences. En sus des réseaux bancaires qui se sont développés, les institutions de micro finance ont aussi beaucoup évolué, passant de 121 unités en 2000 à 896 unités en 2007. En effet, jusqu’à une période récente, le secteur ne comportait, pour l’essentiel, que quelques grandes banques classiques à capitaux français. Aujourd’hui, les institutions bancaires et financières qui le composent vont de la structure de microfinance à la très grande banque fusionnée. Vraiment, le paysage financier s’est beaucoup enrichi au cours de ces dix dernières années. Ainsi, il existe, à côté de plusieurs banques classiques, des banques spécialisées dans le financement de l’agriculture, de l’habitat ou de type islamique et une banque de marchés. Le secteur a également connu une certaine maturité puisqu’il compte actuellement 7 établissements bancaires de grande taille (total bilan supérieur à 100 Mds FCFA), 2 de taille moyenne (total bilan compris entre 50 et 100 Mds) et 6 de petite taille (total bilan inférieur à 50 Mds). De même, la géographie du capital des établissements s’est sensiblement modifiée, avec l’installation de banques à capitaux sénégalais et africains.

Ainsi, le taux de bancarisation élargi (banques et institutions de microfinance comprises), encore faible, se renforce graduellement et s’établit à 12,3% en 2007.

D’un point de vue institutionnel, de nombreuses initiatives, visant à rendre plus moderne, plus accessible et plus profond notre secteur financier, ont été prises par la Banque Centrale, depuis la restructuration bancaire de la fin des années 80.

Cette préoccupation d’avoir un système bancaire et financier mûr qui fonctionne selon les normes internationales a été prise en charge à travers notamment la création de la Commission bancaire et la mise en place d’un dispositif réglementaire qui l’accompagne. La loi bancaire, bien sûr, a évolué sous certains aspects de même que le dispositif prudentiel. Ainsi, tous établissements de crédit sont assujettis à certaines conditions, notamment au respect des normes de liquidité, de solvabilité, de couverture de risques qui permettent de s’assurer que leurs interventions se font dans les meilleures conditions, sans préjudice pour la stabilité financière. Également, afin de garantir la disponibilité d’une information financière de qualité, la BCEAO a été à l’origine de l’adoption et l’entrée en vigueur d’un Plan comptable bancaire et d’un référentiel comptable Syscoa, uniformes à l’échelle de l’Uemoa. Il convient de relever en outre la création de la Bourse Régionale des Valeurs Mobilières (Brvm), qui permet de faciliter un financement non bancaire et élargi des activités économiques, à travers le développement du marché financier. Je crois que, là aussi, c’est un pas significatif qui a contribué à développer le secteur financier.

Par ailleurs, la libéralisation des instruments de la politique monétaire, amorcée au début des années 90, repose sur une régulation indirecte de la liquidité dans l’économie avec la possibilité, pour la Banque Centrale, d’agir, à travers les taux d’intérêts, le systèmes des réserve obligatoires, les injections ou les ponctions de liquidités sur le marché bancaire.

On peut dire donc aujourd’hui, qu’au Sénégal, le secteur bancaire et financier est en expansion, ce qui est corroboré par son attractivité à travers la création d’un certain nombre de nouveaux établissements.

A première vue, il semble qu’il y ait trop de banques au Sénégal alors que le taux de bancarisation reste encore faible. Comment analysez-vous ce contraste, si contraste il y a ?

La question que vous évoquez pose le problème du nombre optimal de banques dans une économie. Elle a fait l’objet de controverses entre professionnels du secteur, économistes ou observateurs. Pour parler du cas particulier du Sénégal, il importe de relativiser l’affirmation selon laquelle il y aurait trop de banques, au regard justement du niveau de bancarisation de l’économie mais également et surtout de la faible couverture géographique du réseau bancaire.

A mon sens, on ne peut pas vraiment pas affirmer qu’il y ait trop de banques, si l’on part du principe que la concurrence est saine, par essence. Auparavant, on avait quelques grandes banques qui dominaient le marché, qui intervenaient autour de la Place de l’Indépendance, n’avaient pas ou peu d’implantation dans le pays et étaient donc peu accessibles à la grande majorité de la population. Depuis 5 à un peu moins de 10 ans, on voit un formidable développement des installations de banque. L’intérêt, en tous cas tel que nous le percevons, c’est que cela facilite l’accessibilité, pour les populations, aux services bancaires et financiers. Le renforcement du réseau bancaire permet permet donc de développer la bancarisation de nos économies et contribue ainsi à apporter une réponse au besoin d’intégrer le secteur informel à l’économie moderne. Vous vous rendez compte que c’est seulement, ces dernières années, qu’il existe des agences bancaires ou de SFD dans des zones comme Pikine, Guédiawaye ou des localités telles que Kolda ! Avant, vous aviez la majorité de la population, géographiquement parlant, qui n’était pas couverte par le réseau de bancaire.

Aujourd’hui, il y a un mouvement bénéfique parce que permettant de diversifier le service offert à la clientèle. Et la concurrence aidant, il permet de réduire les coûts d’accès.

D’ailleurs, les progrès réalisés par le Sénégal en matière bancarisation sont à lier en partie à ce dynamisme observé dans le rythme d’implantation de nouvelles banques. En tout état de cause, cette évolution ne semble pas jusqu’à présent constituer une menace au regard du profil affiché par le secteur en terme de rentabilité mais également au vu de la capacité des nouveaux établissements à atteindre au bout de quelques années leur point mort. Jusqu’à présent, au contraire, les bénéfices nets des banques se sont fortement accrus. Donc, si ce n’était pas rentable et s’il n’y avait pas de place pour ces nouvelles banques, elles n’auraient pas enregistré de tels résultats.

Aussi, est-il permis de croire qu’un accroissement du nombre de banques contribue à améliorer la qualité des services bancaires, à la faveur d’une concurrence accrue et saine, tant du point de vue de l’innovation et la diversification dans les produits offerts, que du coût du crédit et du relèvement de l’offre de crédit.

Bien entendu, les autorités monétaires et de tutelle se doivent de veiller strictement au respect par les banques des règles régissant le secteur pour maintenir et renforcer la stabilité du système. Il revient à la Banque Centrale et à la Commission Bancaire d’assurer la stricte supervision des établissements de crédit afin que ceux-ci opèrent dans les conditions de solvabilité, de rentabilité et de liquidité, qui préservent les dépôts du public. C’est à cela que s’attache la BCEAO.

Il me paraît cependant opportun de souligner une autre tendance parallèle à celle que l’on vient d’évoquer et non moins importante, il s’agit du mouvement de fusion- absorption auquel on assiste dans le secteur bancaire. Ainsi, plusieurs banques se sont regroupées dans la dernière période et c’est une évolution qui mérite notre attention.

Au total, on se retrouve dans un processus où, d’un côté, il y a plus de banques répondant à une plus grande variété des besoins du consommateur et, de l’autre, on assiste à un regroupement se traduisant par la construction de grands et solides ensembles. Je pense que cette évolution va se poursuivre et que ne se maintiendront que les banques viables. Celles qui ne le seront pas seront certainement absorbées. Mais, je crois qu’il y a encore de la place pour de nouvelles banques…

La place de Dakar, pour ne pas dire de l’Uemoa, semble très attractive pour l’implantation des banques originaires hors de la Zone, la concurrence s’en suivant, est-ce que toutes ces banques respectent les réglementations en vigueur ?

Au cours des cinq dernières années, le système bancaire sénégalais a enregistré une augmentation sensible du nombre d’établissements de crédit (banques et établissements financiers), qui est passé de 14 en 2004 à 20 à fin août 2009. Cette évolution, qui s’est amorcée au milieu des années 1990, à la suite des réformes entreprises par les Autorités monétaires (libéralisation du secteur, privatisation des banques nationales, dérogation pour les expatriés, etc.) en réponse à la crise bancaire à laquelle la zone a été confrontée durant les années 1980, a été impulsée au cours de ces dernières années par trois facteurs principaux.

D’abord, la relative rentabilité de l’activité bancaire dans la zone, comme l’atteste le résultat net des établissements. Ensuite, l’existence d’une épargne à faible coût, en liaison avec la relative maîtrise de l’inflation dans l’Union. Enfin, le niveau relativement faible du capital minimum exigé jusque là pour la création d’un établissement de crédit dans l’UMOA .

A ces principaux facteurs, il y a lieu d’ajouter, au plan interne, la convertibilité du franc CFA et son arrimage à l’euro qui lui confère une certaine stabilité. Au niveau externe, l’abondance de liquidité des banques des pays producteurs de pétrole, notamment du Nigeria et de la Libye, en relation avec l’envolée des cours du pétrole ces dernières années, a été également un facteur d’incitation à la conquête de nouveaux marchés.

Par ailleurs, le Sénégal a bénéficié au cours ces dernières années d’une stabilité politique et d’une croissance économique soutenue, en particulier sur la période 1994-2005.

Au total, sur les 20 établissements de crédit, 8 unités, soit plus du tiers (40%) des établissements ont été créées après 1999. Ces nouvelles unités appartiennent, pour la plupart, à des groupes bancaires étrangers qui sont au nombre de 11 en activité à ce jour au Sénégal.

L’un des traits caractéristiques des évolutions observées est la diversification des pays d’origine des maisons- mères des banques au Sénégal, historiquement dominées par les groupes français. La nouvelle cartographie de l’actionnariat du système bancaire distingue essentiellement trois pôles. A savoir les capitaux étrangers historiques provenant de l’Occident (7 groupes) dont notamment la France, les capitaux provenant des pays arabes (4 groupes) et les capitaux de l’Afrique subsaharienne (9 groupes).

D’une manière générale, il y a lieu de relever que l’offensive des groupes bancaires étrangers, au-delà des frontières de leurs pays d’origine, ne concerne pas spécifiquement le Sénégal. Ce phénomène est également observé dans les autres régions en développement et dans les pays émergents. Ainsi, sur 33 banques que comptaient la Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC) en 2005, 25 étaient contrôlées par des groupes étrangers, soit 75,8%.

En tout état de cause, la Banque Centrale, en étroite collaboration avec la Commission Bancaire, veille au respect par les établissements de crédit de l’ensemble des dispositions réglementaires.

Les opérateurs économiques se plaignent de la frilosité des banques commerciales et de la cherté du crédit. En tant qu’Autorité de banque, que faire pour réconcilier le Partenariat Banque/ Secteur privé ?

Le marché du crédit comporte des limites dans la mesure où les agents économiques affichent encore d’importants besoins non satisfaits. Il convient toutefois de distinguer les besoins de la grande entreprise nécessitant des produits financiers de court, moyen ou long termes de ceux de la PME auxquels correspondent des produits à échéance encore plus longue.

La frilosité des banques vis-à-vis des opérateurs économiques et des secteurs non structurés semble compréhensible. Aussi, pour renforcer le Partenariat Banque – Secteur privé, les autorités monétaires et de tutelle ont-elles initié en 2003 des séries de concertations nationales sur le crédit dans les différents pays de l’Union, afin d’améliorer la contribution du système bancaire au financement des activités économiques. La participation de l’ensemble des acteurs concernés (Banques et établissements financiers, Institutions de microfinance, Patronat, Autorités de tutelle et bailleurs de fonds) a permis de mettre en place un Programme d’actions en cours d’exécution.

Par ailleurs, au cours de la rencontre entre la BCEAO et les Directeurs Généraux des banques et établissements financiers de l’Union, tenue le 1er juillet 2009 à Bamako, les recommandations ci-après ont été formulées en vue de lever contraintes qui pèsent sur le financement des économies de l’Union :

• l’identification des contraintes : environnement juridique et judiciaire, questions de garantie, adéquation des ressources des banques aux besoins des économies, absence ou le manque de fiabilité des états financiers et inexistence de structures d’appui aux PME/PMI ainsi que le manque d’incitations en faveur du capital investissement.

• les propositions en faveur de la promotion des PME (centres de métiers, chambres de métiers, structures d’encadrement, fonds de garantie des PME, caisse, de caution mutuelle, fonds d’investissement pour les PME) ;

• la nécessité de rechercher les sources alternatives de financement des économies à travers notamment la création de fonds d’investissement et de fonds de pension.

Il y a deux décennies, le secteur bancaire sénégalais était plongé dans une grave crise structurelle. Aujourd’hui, est-ce qu’on peut dire que le secteur est bien assaini et qu’il n’y a plus de risques de ce genre ?

A la fin des années 80, le système bancaire au Sénégal et plus globalement celui de toute l’UMOA, a connu une grave crise. Face à cette situation, le gouvernement du Sénégal, en rapport avec ses partenaires au développement (Banque Mondiale, France, États-Unis) et la BCEAO, avait initié un plan d’assainissement et de restructuration du système bancaire.

Le succès de cette entreprise a permis de restaurer la viabilité du secteur bancaire qui affiche depuis lors d’importants excédents de trésorerie.

De nouvelles initiatives ont ainsi été prises par la BCEAO pour améliorer le cadre d’exercice des activités bancaires, se traduisant par le renforcement de la supervision bancaire avec notamment la création d’une Commission bancaire supranationale et indépendante ainsi que la mise en place du SYSCOA, du Plan Comptable Bancaire (PCB), de la Centrale des Incidents de Paiement (CIP), de la Centrale des Bilans, de la Bourse Régionale des Valeurs Mobilières (BRVM) et des nouveaux systèmes de paiements.

En particulier, la réforme des systèmes de paiement a permis la mise en place d’une solide infrastructure du secteur financier, à travers :

— un système sous-régional de règlement brut en temps réel pour les virements interbancaires de gros montants ou urgents ;

— des systèmes interbancaires nationaux et un système sous-régional de compensation automatisée pour les paiements de masse traitant notamment les chèques, virements de petit montant et effets de commerce ;

— un système interbancaire de paiement par cartes à l’échelle de l’Union géré par les établissements de crédit dont la réglementation est assurée par le GIM-UEMOA et le rôle d’opérateur technique par le CTMI-UEMOA.

La préservation de la stabilité du système financier constitue une préoccupation majeure pour les autorités de tutelle qui ont décidé, lors de la session du Conseil des Ministres de l’UMOA en date du 17 septembre 2007, du relèvement du capital social minimum applicable aux banques et établissements financiers de l’Union. Cette décision vise à renforcer la solvabilité des établissements de crédit de l’Union et leur capacité à intervenir de manière optimale dans le financement des économies de l’Union.

L’évolution du paysage bancaire de l’UMOA nécessite bien évidemment une surveillance accrue et permanente de la part des autorités monétaires de l’Union mais également un renforcement de la coopération avec les superviseurs dont relèvent les groupes transfrontaliers contrôlant certains établissements installés dans notre pays. Cette surveillance s’effectuera sans préjudice de l’appréciation rigoureuse des dispositifs de contrôle interne adoptés par chaque banque et établissement financier.

En résumé, il convient de souligner que la situation des banques, relativement aux indicateurs de solidité financière du système bancaire, demeure globalement satisfaisante, l’activité et la rentabilité des établissements de crédit s’étant confortées ces dernières années.

Après avoir été épargné des effets de la crise financière internationale, le secteur bancaire sénégalais a beaucoup souffert de la morosité de l’activité économique. Est-ce que vous percevez quelques lueurs de reprise ? Et pour quand ?

L’environnement économique et financier a été marqué en 2008 par la succession d’une série de chocs, notamment la hausse des cours mondiaux du pétrole et des produits alimentaires ainsi que l’intensification de la crise financière. L’activité économique au Sénégal s’est ressentie de cet environnement difficile, accentué par les tensions de trésorerie de l’État. Ainsi, comme tous les autres secteurs, les banques ont souffert de la morosité de l’activité économique caractérisée par une dégradation des indicateurs de conjoncture.

Aussi, les Autorités de la BCEAO ont-elles décidé, à l’instar de la plupart des banques centrales, d’agir en vue de soutenir la croissance. Ainsi, en vue de permettre aux banques de disposer de liquidités suffisantes, l’Institut d’émission a pris des dispositions relatives à leur accès à ses ressources à de meilleures conditions, à travers notamment des opérations régulières d’adjudications d’injection de liquidités sur le marché monétaire.

Outre ces mesures, au regard du contexte et dans le souci de favoriser un environnement propice à une croissance plus forte des économies de l’Union, la BCEAO a décidé d’adopter en juin 2009 une politique monétaire plus accommodante marquée par un dé-serrement des conditions monétaires relatives aux taux directeurs et coefficients de réserves obligatoires applicables aux établissements de crédit. Ainsi, le taux de pension est ramené de 4,75% à 4,25% et le taux d’escompte de 6,75% à 6,25%.

Concernant les coefficients de réserves obligatoires, ils passent de 15% à 9% pour le Bénin, de 9 % à 7 % pour le Mali, le Niger et le Sénégal. Les coefficients des autres États restent inchangés : 7% pour le Burkina, 5% pour la Côte d’Ivoire et 3% pour la Guinée-Bissau et le Togo.

Comment appréciez-vous la manière dont les Sénégalais manipulent et conservent les billets de banque ?

Votre question est à la fois pertinente et opportune. Car, comme vous le savez, le public en général a tendance à maltraiter le billet de banque en le manipulant dans les transactions commerciales et dans la vie sociale quotidienne. Au marché, chez le boutiquier ou le vendeur de charbon du coin, le billet est souvent froissé, tâché, humidifié, etc. Tout cela parce que, dans l’entendement des populations, le billet a de la valeur quelque soit son état. Ainsi, un geste automatique consiste, pour la plupart d’entre nous à écraser dans sa main un billet avant de le donner en cadeau à quelqu’un, en voulant faire preuve de discrétion. Ce faisant, on ne songe pas au coût de production et d’entretien du billet. Eh bien, imaginez-vous que ce coût constitue le principal poste budgétaire de la Banque Centrale, soit plus de 20 milliards Fcfa par an à l’échelle de l’UMOA. Ce sont ainsi d’importantes ressources financières, appartenant à toute la communauté, qui sont dépensées pour fabriquer et entretenir le billet de banque.

Regardez à contrario avec quel soin les gens manipulent l’argent dans d’autres pays développés où les gens utilisent des portefeuilles ou rangent leurs billets soigneusement dans leurs poches. A cet égard, une utilisation accrue des moyens de paiement scripturaux et une réduction de la manipulation des espèces dans nos transactions quotidiennes constituent des objectifs que la BCEAO s’est fixés, en concertation avec les États et les établissements de crédit, En résumé donc, l’appel que je voudrais lancer, c’est que nous accordions plus de soin aux billets de banque et aux pièces, à la mesure de la valeur que ces espèces représentent pour leur détenteur.

Une question personnelle. En tant que première femme sénégalaise à diriger l’Agence nationale de la BCEAO, quel sentiment ressentez-vous et comment faites-vous, en interne, pour relever ce challenge ?

Je tiens d’abord à préciser qu’il s’agit de la Direction Nationale de la BCEAO pour le Sénégal et non de l’Agence Nationale. En effet, dans chaque pays de l’UMOA, il existe une Direction Nationale de la BCEAO qui a sous son autorité l’Agence Principale, dans la capitale et, les Agences Auxiliaires, se trouvant dans les localités, à Kaolack et Ziguinchor pour le cas du Sénégal.

Pour revenir à votre question, j’avoue que je ne me la suis pas vraiment posée jusqu’à maintenant en ces termes ! Maintenant, s’il s’agit de savoir à quel point le fait d’être une femme a une influence sur l’exercice de mes responsabilités, pour ce qui est de la BCEAO, il faut préciser que ses règles et principes de fonctionnement, interdisent toute forme de discrimination fondée sur le genre. Par ailleurs, mon expérience professionnelle au siège de la BCEAO m’ayant déjà exposée à un poste de direction depuis plusieurs années, je ne me sens pas trop dépaysée.

Il reste, bien entendu, qu’il est impossible de faire fi de certaines survivances culturelles ou sociologiques. Elles se posent, à nous femmes, de manière quotidienne dans tous les domaines et il faut y faire face en permanence. « On ne naît pas femme, on le devient », disait l’autre ! C’est donc un exercice auquel je me suis habituée. Il s’y ajoute, cependant, que le fait d’être la première femme dans les huit États membres de l’UMOA à être nommée au poste de Directeur National m’impose, à titre personnel et en considération de tout le personnel féminin de la BCEAO, de réussir la mission qui m’a été confiée.

Cela dit, je pense y parvenir à travers une démarche « managériale » qui implique et responsabilise tout le personnel, tout en se fondant sur les principes de rigueur et d’équité. C’est donc, dans une action collective que nous sommes - toutes et tous - également engagés, une action qui peut parfois s’avérer difficile mais qui certainement est exaltante.

C’est donc un défi à relever dont je perçois en toute humilité l’importance des responsabilités qu’elle met en jeu.

                                                                                                                                        
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Commentaires
N
Madame je Directeur,<br /> <br /> Je voudrais vous addressz toute mes félicitations pour l'accès au poste de directeur de la BCEAO. Je salue votre grandeur car ceci a été la travail d'une longue haleine vue tout votre parcour intellectuel et proffessionnel voire expérimental.<br /> De façon spécilale,je voudrais profiter au dela de ce commentaire obtenir par votre modeste compréhenson les contacts de monsieur Félix Djan Djè un de votre collaborateur qui est partit de la côte d'Ivoire dépuis 1992.Je vous prie de bien vouloir lui transmettre ces numéros suivants:<br /> N'Dri KouaKou Bertin (fils de M.N'DriKoussi Antoine décedé en avril 1991)cel 225 08397864 / 225 05440803.<br /> Je vous remercie.
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S
J'ai une grande Admration pour le Directeur National de la BCEAO. j'éspere être le prochain Directeur National de la BCEAO.
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