Le taux de bancarisation des ménages pauvres s'est nettement amélioré depuis dix ans
Le Credoc a remis à la ministre des Finances l'étude, réalisée pour le
Comité consultatif du secteur financier (CCSF), sur les conditions
d'accès aux services bancaires des ménages vivant sous le seuil de
pauvreté. Dans un communiqué, Christine Lagarde s'est aussitôt réjouie
de la "forte hausse de l'accès aux services bancaires parmi les ménages
financièrement fragiles".
Incontestablement, les différents textes sur le droit au compte bancaire
- dont le dernier en date est la loi de modernisation de l'économie
(LME) du 4 août 2008 - ont produit leur effet. En 2009, 96% des
bénéficiaires de minima sociaux possédaient un compte de dépôt, contre
99% en population générale. En 2001, ces taux étaient respectivement de
92 et 99%. Tous les indicateurs sont nettement à la hausse et les écarts
se sont fortement réduits entre les publics pauvres et la population
générale, même s'ils sont encore loin d'avoir disparu. La taux de
possession d'une carte de crédit ou de paiement est ainsi passé - sur la
même période (2001-2009) - de 72 à 92% (96% en population générale),
celui d'un chéquier de 59 à 68% (94% en population générale), celui d'un
compte d'épargne disponible (type LEP ou Livret A) de 45 à 61% (82% en
population générale) et celui d'une autorisation de découvert de 43 à
72% (75% en population générale). Le principal point faible reste
l'accès au crédit. Si le pourcentage de bénéficiaires de l'un des minima
sociaux détenteurs d'un prêt à la consommation est passé de 13 à 21% -
avec parfois des conséquences dommageables en termes de surendettement
-, ce chiffre est encore loin de celui de la population générale (36%).
L'écart est plus important encore, pour des raisons évidentes, en ce qui
concerne les prêts immobiliers : le taux de possession d'un tel prêt
est en effet seulement de 5% en 2009, contre 29% en population générale.
Ces résultats sont néanmoins d'autant plus remarquables que l'étude du
Credoc montre, par ailleurs, le très faible recours aux différents
dispositifs mis en place pour favoriser la bancarisation des ménages
pauvres. Ainsi, sur les 3% de ménages qui se sont vu refuser l'ouverture
d'un compte bancaire, seuls 5% d'entre eux ont fait appel à la
procédure du droit au compte (article L.312-1 du Code monétaire et
financier). De même, si 10% des ménages pauvres indiquent avoir déjà
fait l'objet d'une saisie bancaire, seul un sur cinq a fait alors appel
au dispositif du solde bancaire insaisissable (voir notre article
ci-contre du 7 janvier 2010). Enfin, bien que connu de 80% des personnes
interrogées, le médiateur bancaire est très peu sollicité.
Christine Lagarde n'entend pas se satisfaire de ces chiffres. Elle
souhaite en effet qu'à partir de cette étude, le président du CCSF lui
"propose d'ici l'été des mesures concrètes pour améliorer l'accès aux
services bancaires des ménages en situation de pauvreté". En attendant,
la ministre des Finances rappelle les mesures déjà mises en oeuvre,
comme le renforcement du droit au compte par la loi LME ou les
dispositions du projet de loi portant réforme du crédit à la
consommation adopté en première lecture par l'Assemblée nationale et le
Sénat.
(Source : www.localtis.info)