Taux de bancarisation de la population

D'après le rapport annuel 2007 de la Commission Bancaire de l'UMOA, le Togo a enregistré au cours de l'année 2007 une progression de plus de 275% du nombre de comptes bancaires ouverts, passant de 210695 à 581178. Son taux de bancarisation (1) se situe ainsi à 15,77% devant le Burkina Faso à 12,39% , seul autre pays à dépasser la barre des 10%. La Côte d'Ivoire, locomotive éconimque de l'Union est à 7,23%, derrière le Mali à 9,14% et le Sénégal à 8,68% , mais devant le Bénin à 6,92% , la Guinée-Bissau  à 3,54% et le Niger qui ferme la marche avec seulement 1,81% de sa population bancarisée.
Pour mieux apprécier la progression du Togo, nous avons reproduit ci-dessus l'évolution du taux de bancarisation des 8 pays de l'Union entre 2003 et 2007 sur la base des statistiques des rapports annuels successifs de la Commission Bancaire.
On constate que le taux de 15,77 est atteint en 2007 après une stagnation aux environs de 6% les quatre années précédentes. On peut souligner au passage la croissance régulière du  taux au Burkina, au Mali, au Bénin et en Guinée-Bissau. Par contre, la Côte d'Ivoire a enregistré une baisse de son taux de bancarisation. Le cas du Togo est donc assez isolé. Est-ce le résultat d'un meilleur ajustement des statistiques concernant ce pays où le fruit d'une politique volontariste des acteurs au niveau national? La question peut être posée. Nous n'apportons pas de réponse concrète. Nous faisons juste le constat et mettons en regard un autre facteur qui permet d'apprécier le phénomène: la densité du réseau bancaire (2).

Densité du réseau bancaire
Le graphique ci-dessous repésentant la densité du réseau bancaire pour les 8 pays entre 2003 et 2007 ne montre aucune rupture particulière dans l'évolution du Togo. Certes, le pays enregistre une progression de 4 points en 2007 pour s'étabir à 26,87 guichets bancaires pour 1 million d'habitants de plus de 15 ans, ce qui n'est pas une performance particulière car en deçà des 27,82 de 2003 où le pays disposait du réseau le plus dense.
Le Togo n'a pas la plus forte densité du réseau bancaire de l'Union en 2007. Il se classe derrière le Sénégal à 30,47 et le Mali à 30,41. Le pays ayant la plus faible densité du réseau est la Guinée-Bissau précédée du Niger.
Comment le Togo a pu alors enregistré cette forte hausse?
Un dernier élément qui pourrait expliquer cela éventuellement serait la mise en application effective de la directive n°08/2002/CM/UEMOA relative à la promotion des moyens de paiement et de  la bancarisation. Cette directive demande aux Etats de l'Union de procéder à la bancarisation des salaires dans l'administration et de promouvoir les moyens de paiement scripturaux dans les transactions financières  Une bancarisation réussie dans l'administration publique et privée est succeptible de justifier cette forte croissance du nombre de comptes bancaires. Mais ce n'est qu'une hypothèse, il faudra la vérifier.

Conclusion
Au delà des questionnements au sujet de la forte progression du taux de bancarisation enregistrée au Togo en 2007, il est important de souligner le bon exemple que constitue ce pays dans la couverture bancaire brute (3). En 2003, il disposait de la meilleure densité en dépit de la crise socio-politique qu'il traversait et le taux de bancarisation de sa population était supérieure à ceux du Bénin, du Burkina, de la Guinée-Bissau, du Mali et du Niger. Malgré une baisse relative de la densité entre 2003 et 2007, celle-ci demeure supérieure de plus de 7 points à la moyenne de l'Union.

(1) Taux de pénétration du compte bancaire évalué sur la base de la population âgée de plus de 15 ans.
(2) Nombre de guichets bancaires (agences + points de services) pour 1 million de personnes âgées de plus de 15 ans.
(3) La couverture bancaire brute est la densité du réseau bancaire . Pour obtenir la valeur réelle il faut  prendre en compte la densité de la population pour s'assurer qu'il n'y a pas une répartition inéquitable des guichets.